9 mars 2013 : W68° 13′ 56 » – S54° 31′ 32 ». Partis de Santiago de Chile, voilà près de deux mois que nous sommes sur la route en direction de ce lieu mythique dont le nom hante mon imaginaire depuis que j’ai 15 ans. La Terre de Feu et sa ville la plus célèbre (pour les Français) ; Ushuaia.
Pour les Argentins, Ushuaia est un village de pêcheurs de moins de 60 000 habitants très au sud de leur pays où il fait froid et où la viande coûte cher. Pour de nombreux français, c’est l’aventure, les voyages au long court, des paysages à couper le souffle. Merci monsieur Hulot.
Il n’y a pas beaucoup de grandes villes le long de la route qui va du détroit de Magellan vers Ushuaia et notre
niveau de provision est au plus bas. Pour notre tandem de roadtripeur, Ushuaia, c’est la garantie de trouver une laverie, un garage, de l’essence et de quoi se ravitailler en nourriture (En chocolat surtout).
Ce que l’on nomme par commodité Terre de Feu est en fait la grande ile de la Terre de Feu et le seul moyen pour y accéder en voiture est d’emprunter le bac qui permet d’enjamber les cinq kilomètres du détroit de Magellan.
Ces vingts minutes ne sont pas assez longues pour nous préparer à plonger dans un univers à la fois semblables à ce que nous venions de vivre pendants des jours et des jours en Patagonie et tout compte fait, très différent. Est-ce la lumière ? La forêt et ses lengas morts ?
Difficile à dire, mais la Terre de Feu n’est pas un endroit comme les autres au sud de l’Amérique du sud.
La Terre de Feu : Un voyage dans le temps
Après quelques jours de route et avant d’arriver à Ushuaia, il y a cette route 3 qui serpente entre les Andes fuégiennes. Nous n’avançons plus dans l’espace, nous remontons le temps. Montagnes, arbres, lacs et océans… tout est là pour nous donner l’impression d’un voyage de quelques milliers d’années dans le temps. En dehors du ruban d’asphalte qui défile sous nos roues, il n’y a pas beaucoup de traces d’humanités autour de nous.
La sensation s’estompe une fois arrivé à Ushuaia. Si la ville en soi n’a aucun charme, la vue depuis le port est splendide. Le canal de Beagle s’offre à vous et au loin, l’ile Navarino.
C’est aussi le point de départ pour les plus aventuriers, vers l’antarctique.
Bien entendu, n’envisagez pas de quitter la ville sans être entré dans une boutique de souvenir pour faire tamponner votre passeport. C’est le seul et unique moyen de prouver votre passage dans la ville la plus australe du monde (si on omet port williams située en face d’Ushuaia).
Le parc national de Terre de Feu
Quelques kilomètres plus tard nous voici à l’entrée du parc. Le parc d’une superficie de 63 000 hectares n’est ouvert au public que sur 2000 hectares. Des lieux sont aménagés pour la camping et c’est la première chose que nous cherchons avant que la nuit tombe.
Arrivée sur une vaste aire de camping, nous voilà invités à passer la soirée avec une famille d’argentins autour d’un barbecue (parrillada). Le barbecue est, avec le maté (une boisson à base de yerba maté), un élément important de la culture argentine.
Après une excellente soirée et une bonne nuit de sommeil, nous partons pour une randonnée en mode tranquille d’une dizaine de kilomètres pour atteindre la baie Lapataia.
Nous sommes surpris de voir à quel point les oiseaux ne sont pas farouches. L’homme ne représente pas un prédateur et ils n’hésitent pas à s’approcher (surtout si vous avez quelques chose à manger entre les mains mais pas que…). Vous pourrez voir des colonies de Cormoran, des faucons (n’étant pas ornithologue, j’appelle ces oiseaux des faucons), et aussi de gentils castors importés dans les années 50 pour produire de la fourrure et qui finalement prolifèrent tranquillement et détruise massivement l’écosystème fragile du parc.
Nous ne sommes restés que deux jours dans ce parc où nous aurions pu rester une semaine entière tellement l’endroit est calme et reposant. Le 11 mars au matin, les sommets des montagnes environnantes sont couverts de neige. L’hiver approche et il est temps pour nous de reprendre la route 3 vers le nord et retrouver la douceur de la côte atlantique.
La bonne façon de voyager en Terre de Feu
Trois années se sont écoulées depuis ce road trip qui aura duré près d’un an en Amérique du sud. Quand je lis les blogs d’autres voyageurs, il m’arrive souvent de me dire : « Zut, on a raté ci ou ça » ou encore « Mais comment avons-nous pu passer à côté de ce lieu ou de ce musée ».
Avec ma femme nous voyageons depuis des années et c’était la première fois que nous partions pour plus de trois semaines. Il est évident que dans le cadre d’un road-trip aussi long, passer par une agence n’aurait pas eu beaucoup de sens. Par contre pour un séjour de moins de 3 semaines la question se pose.
Je me suis fais cette reflexion après avoir eu une conversation avec un chauffeur de taxi tout au bout de la
ruta 3. La route 3 part de Buenos Aires pour finir 3000 km plus au sud dans le parc de Terre de Feu. Et c’est là
que nous avions garés notre compagnon de route à quatre roues pour partir en randonnées.
Coincé entre les bus de touristes et les voitures des taxis, l’un d’eux vient me voir et commence à engager la conversation. Deux français dans un 4X4 immatriculé au Chili, ça attire l’attention des locaux.
Après un début de conversation autour de nos voitures respectives (consommation, vitesse, assurance), je lui demande combien il prends pour un trajet entre Ushuaia et le parc (10 km). Il m’explique qu’il demande 150 dollars américains pour une course de 4h00.
Je lui ai fais remarquer qu’entre le cout de l’essence, l’entretien de sa voiture et l’entrée du parc (mon côté business developper ne me quitte pas en voyage) c’était une activité très rentable.
Il m’explique que depuis qu’Ushuaia est une destination intégrée dans les circuits des croisières en bateaux, arrivent des touristes pour qui 150 dollars pour 4 heures de promenade dans un parc (pas besoin de marcher) sans même un guide pour apporter des explications est une chose normale et qu’il aurait tort de ne pas en profiter.
J’ai eu ce genre de conversation à plusieurs reprises durant notre voyages. Que ce soit au Pérou, en Bolivie, en Equateur ou en Colombie, à chaque fois la logique est la même. Ce qui m’a incité à revoir mon point de vue sur les agences.
Faut-il passer par une agence pour visiter la Terre de Feu ?
Il est très facile de préparer un séjour dans une grande ville sur plusieurs jours. Hôtels, restaurants, musées, concerts. Quand il s’agit d’organiser un séjour en plein nature pour découvrir une région, ou un endroit aussi spécial que la Terre de Feu, il est préférable de se faire aider par une agence de voyage.
Soit vous allez vous faire « avoir » et payer le prix fort pour un service pas toujours au top (un chauffeur de
taxi n’est pas un guide touristique), soit vous allez simplement passer à côté de choses incroyables que seuls les natifs connaissent et savent vous faire découvrir. Ils connaissent la faune et la flore et sauront vous conduire au bon endroit, au bon moment. Et le bon endroit au bon moment c’est la garantie de revenir avec un bon souvenir. Et ça c’est un cadeau qui vous accompagne toute une vie et n’a pas de prix.
J’adore les road trips. L’Argentine, ouah!! Effectivement comme on est assez souvent seul à organiser son voyage avec la carte, parfois au fur et à mesure du trajet, on peut avoir l’impression de manquer des choses. Mais bon reste le côté « je vais où je veux » et de toutes façons on peut faire des rencontres en route qui vont vous éclairer sur des lieux à visiter auxquels on n’avait pas pensé. Merci les gens! Philippe